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Les Voiles Alphonse De Lamartine

Quand j'étais jeune et fier et que j'ouvrais mes ailes, Les ailes de mon âme à tous les vents des mers, Les voiles emportaient ma pensée avec elles, Et mes rêves flottaient sur tous les flots amers. Je voyais dans ce vague où l'horizon se noie Surgir tout verdoyants de pampre et de jasmin Des continents de vie et des îles de joie Où la gloire et l'amour m'appelaient de la main. Les voiles alphonse de lamartine. J'enviais chaque nef qui blanchissait l'écume, Heureuse d'aspirer au rivage inconnu, Et maintenant, assis au bord du cap qui fume, J'ai traversé ces flots et j'en suis revenu. Et j'aime encor ces mers autrefois tant aimées, Non plus comme le champ de mes rêves chéris, Mais comme un champ de mort où mes ailes semées De moi-même partout me montrent les débris. Cet écueil me brisa, ce bord surgit funeste, Ma fortune sombra dans ce calme trompeur; La foudre ici sur moi tomba de l'arc céleste Et chacun de ces flots roule un peu de mon coeur. Alphonse de Lamartine.

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Et j'aime encor ces mers autrefois tant aimées, Non plus comme le champ de mes rêves chéris, Mais comme un champ de mort où mes ailes semées De moi-même partout me montrent les débris. Cet écueil me brisa, ce bord surgit funeste, Ma fortune sombra dans ce calme trompeur; La foudre ici sur moi tomba de l'arc céleste Et chacun de ces flots roule un peu de mon cœur. Alphonse de Lamartine (1790-1869) Œuvre posthume (1873) Navigation de l'article
C'était quelque poète au sympathique accent, Qui révèle à l'esprit ce que le cœur pressent; Hommes prédestinés, mystérieuses vies, Dont tous les sentiments coulent en mélodies, Que l'on aime à porter avec soi dans les bois, Comme on aime un écho qui répond à nos voix! Ou bien c'était encor quelque touchante histoire D'amour et de malheur, triste et bien dure à croire: Virginie arrachée à son frère, et partant, Et la mer la jetant morte au cœur qui l'attend! Je la mouillais de pleurs et je marquais le livre, Et je fermais les yeux et je m'écoutais vivre; Je sentais dans mon sein monter comme une mer De sentiment doux, fort, triste, amoureux, amer, D'images de la vie et de vagues pensées Sur les flots de mon âme indolemment bercées, Doux fantômes d'amour dont j'étais créateur, Drames mystérieux et dont j'étais l'acteur!
Thursday, 11 July 2024